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Accessibilité, réforme et reconnaissance : quel avenir pour les kinés conventionnés ?

Fin mars 2025, une étape importante a été franchie dans le domaine de la kinésithérapie en Belgique : une courte majorité des prestataires de soins a choisi de rester conventionnée. Cette situation  soulève de nombreuses questions sur les réalités du terrain, notamment en matière d’autonomie professionnelle et de reconnaissance mais aussi d’accessibilité aux soins, en particulier en Flandre, où trouver un kiné conventionné devient de plus en plus difficile. Entre complexité administrative, attentes de revalorisation et transformations du métier, la kinésithérapie se trouve à la croisée des chemins. Loin d’être figée, la kinésithérapie se redessine au fil des réformes, des attentes sociétales et des avancées technologiques.

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Séance de kinésithérapie : un thérapeute manipule l’épaule et le dos d’une patiente allongée sur le côté, pour soulager des tensions musculaires.

Un outil pour garantir des soins accessibles

L'adhésion à la convention représente un engagement des prestataires de soins à respecter les honoraires fixés en concertation avec les autorités de santé. Ce mécanisme est fondamental pour garantir que chaque patient puisse accéder à des soins de qualité à un prix abordable.

La kinésithérapie occupe une place essentielle dans le paysage des soins, tant pour le traitement que pour la prévention de nombreuses pathologies. Dès lors, une large adhésion à la convention apparaît comme un levier essentiel pour maintenir l’accessibilité aux soins. Un déconventionnement massif risquerait d’accentuer les inégalités, notamment pour les patients à revenus modestes ou souffrant de maladies chroniques.

Réforme de la nomenclature : un chantier en cours

Une des critiques récurrentes émises par les kinés concerne la complexité de la nomenclature actuelle. Ce système, qui encadre les prestations remboursables, est souvent perçu comme inadapté aux réalités du terrain. Il est jugé trop rigide, générant une charge administrative excessive et parfois source de confusion.

Dans ce contexte, une réforme de la nomenclature est en cours pour mieux refléter les besoins réels du patient. Elle devrait offrir un cadre plus souple, notamment en réduisant les exigences administratives, et favoriser une responsabilisation partagée entre le prescripteur, le kiné et le patient. 

Parmi les évolutions envisagées, la possibilité d’un accès direct à la kinésithérapie sans prescription médicale, sous certaines conditions, suscite beaucoup d’intérêt. Une telle mesure permettrait d’accélérer la prise en charge et de désengorger le système de soins.

Des soins fondés sur l’evidence-based practice

L’amélioration du système ne passe pas uniquement par des adaptations administratives : une reconnaissance accrue de la kinésithérapie comme profession médicale autonome passe aussi par une valorisation de la pratique fondée sur les preuves scientifiques (evidence-based practice).

“Les traitements doivent être orientés vers des objectifs thérapeutiques clairs. Une fois ceux-ci atteints, il est souhaitable que le traitement puisse être interrompu en concertation avec le patient. L’accent doit également être mis sur l’autonomie du patient, notamment par l’apprentissage d’exercices à domicile, lorsque cela est possible. La kinésithérapie ne vise pas la dépendance, mais l’autonomisation.” Ingrid Vanmechelen, kinésithérapeute et experte aux Mutualités Libres

Toutefois, pour les patients souffrant de maladies chroniques, les séances doivent rester accessibles et abordables. La kinésithérapie joue pour eux un rôle essentiel dans le maintien de la qualité de vie.

La digitalisation comme moteur de simplification

Afin de faciliter la gestion administrative et de renforcer l’accessibilité aux soins, les mutualités ont travaillé depuis plusieurs années sur des plateformes numériques permettant une gestion entièrement digitale des prestations : envois de dossiers, notifications, paiements,… 

Des outils tels que e-Agreement, e-Fact et e-Attest permettent déjà d’automatiser l’administration envers la mutualité ainsi qu’une partie de la facturation. Mais pour que ces solutions soient pleinement opérationnelles, il est crucial que les kinés s’assurent que leur logiciel soit compatible avec ces dispositifs. La transition vers un système “100 % digital” constitue une avancée significative pour une gestion plus fluide et plus rapide dans un contexte de nomenclature toujours complexe.

Le débat sur le ticket modérateur relancé

Le ticket modérateur revient régulièrement dans les débats sur la santé. Plusieurs acteurs du secteur estiment qu’il convient de réévaluer son fonctionnement, en étudiant son impact réel sur l’accessibilité des soins.

Un débat sur son évolution et, plus largement, sur la participation financière des patients est d’ailleurs en cours. L’objectif est d’identifier les freins à l’accès aux soins et d’y apporter des réponses équilibrées.

Une communication fluide : gage de dossiers complets

Indépendamment de la convention, un autre point demeure crucial : la bonne transmission des informations entre prescripteur, kiné et patient. Un dossier bien préparé et complet évite des retards dans la gestion ou le remboursement des prestations. Cela repose sur une compréhension approfondie de la nomenclature, encore trop souvent perçue comme opaque. Un échange clair en amont, par voie digitale ou papier, est essentiel pour un suivi de qualité et pour éviter les interruptions de traitement causées par des documents incomplets ou erronés.