Médicaments

Antibiotiques : à utiliser avec prudence

Cette semaine, c’est la ‘World Antimicrobial Awareness Week’. Cette semaine a pour but d’attirer l’attention sur l'importance d’un bon usage des antibiotiques afin de prévenir l’apparition de résistances.

A cette occasion, les Mutualités Libres ont examiné l'évolution de l'utilisation des antibiotiques par leurs membres, en se basant sur les données de délivrance dans les pharmacies publiques.

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Antibios

Cette analyse a révélé qu'entre 2015 et 2020 :

La proportion d'utilisateurs d'antibiotiques a légèrement diminué: de 36,7% de nos affiliés en 2015 à 25,5%, en 2020.     
 
- 11,2 %
Diminution du nombre de prescriptions par 1000 affiliés.- 14,2%  
Diminution du nombre total de DDD*- 12,6 %
Diminution du nombre de DDD par 1000 utilisateurs par jour de 20 à 17.- 15 %

Impact de la Covid-19

L'année 2020 a été exceptionnelle :

  • Par rapport aux années précédentes, nous observons une nette diminution du nombre de membres auxquels des antibiotiques ont été prescrits, du nombre de prescriptions et du volume total d'antibiotiques délivrés. 
  • Cette diminution était relativement plus forte chez les enfants que chez les adultes et les personnes âgées.
  • Cette diminution peut probablement s'expliquer en partie par le report des soins, un nombre réduit de consultations chez les médecins généralistes, une meilleure hygiène (lavage régulier des mains) et les mesures prises pour prévenir la propagation de la Covid-19.

Types d'antibiotiques

En ce qui concerne les quinolones : une diminution de l’utilisation de quinolones est observée surtout en 2018, ce qui est fort probablement lié à la restriction des conditions de remboursement (à partir du 01/05/2018) : de 8,3 à 1,9%.    
Il faut remarquer qu’il ne s’agit ici que de l’utilisation des quinolones remboursées. Selon les données de l'OCDE, la diminution est moindre si l'on prend en compte les quinolones remboursées et non remboursées, car la consommation sans remboursement a augmenté.

En ce qui concerne le rapport entre l’amoxicilline et l’amoxicilline+acide clavulanique : presqu’autant d’amoxicilline que d’amoxicilline + acide clavulanique ont été utilisés entre juillet 2015 et juin 2020. Néanmoins, entre juillet 2020 et juin 2021, on a prescrit beaucoup plus d'amoxicilline + acide clavulanique (J01CR02) que d'amoxicilline. Un des objectifs du plan BAPCOC 2014-2019 était d'atteindre un ratio amoxicilline -  amoxicilline + acide clavulanique de 80/20 d'ici 2018, c'est-à-dire que l'amoxicilline est utilisée 4 fois plus que l'amoxicilline + acide clavulanique . Nous constatons que cet objectif n'est pas encore atteint pour la période juillet 2020-juin 2021 et qu'il y a même une détérioration.

En ce qui concerne les antibiotiques de 2ème intention (utilisés si le traitement standard ne fonctionne pas ou pas suffisamment) : L'utilisation d'antibiotiques de deuxième ligne reste trop élevée, bien que l'on observe une baisse depuis 2015. Sur la période entre juillet 2020 et juin 2021, les antibiotiques de deuxième ligne représentent moins de la moitié (47,1 %) de l'ensemble des DDD d'antibiotiques délivrées dans le secteur ambulatoire.

* Defined Daily Dose : correspond à une dose journalière pour un adulte dans l'indication principale de la matière active (définie par l'OMS). 
** Pour Amoxicilline + acide clavulanique, macrolides, céphalosporines et quinolones

Recommandations des Mutualités Libres

  • Etant donné que l'utilisation incorrecte des antibiotiques peut causer l'antibiorésistance, les Mutualités Libres tiennent à souligner l'importance d'une utilisation correcte, rationnelle et ciblée des antibiotiques en première ligne. Une approche "One Health" (avec des mesures en médecine humaine et vétérinaire) est nécessaire, les deux étant liées. Cette approche "One-Health" est également mise en avant et élaborée par le gouvernement belge.
  • Nous souhaitons spécifiquement attirer l'attention sur :
    • L'information et la sensibilisation : poursuite des campagnes ciblées, également dans le domaine de la prévention (vaccination, hygiène des mains, etc.).
    • Le soutien aux prescripteurs : poursuite des efforts actuels, p.ex.  formation continue (p. ex. e-learning), concertation medico-pharmaceutique (programme de qualité approuvé par l’INAMI : ‘Moins d'antibiotiques en toute sécurité’), outils d'aide à la prescription, stratégies de mise en œuvre des directives, etc.
    • Support à la délivrance : la BAPCOC a élaboré des fiches qui peuvent aider les pharmaciens à informer rapidement le patient, notamment sur la posologie et les particularités dont il doit tenir compte. 
    • L'optimisation du monitoring : retour d'information pour les médecins, auto-évaluation, support, supervision, éventuelles mesures destinées aux grands prescripteurs... 
  • Nos chiffres montrent que les mesures prises dans le cadre de la pandémie de Covid et visant à réduire la circulation du virus ont donc probablement également eu un impact sur l'utilisation des antibiotiques. Il faut espérer que les habitudes qui sont devenues encore plus importantes pendant la Covid (rester chez soi quand on est malade, avoir une bonne hygiène des mains et de la toux, etc.) resteront ancrées et contribueront à un effet durable sur l'utilisation des antibiotiques et la résistance aux antibiotiques. C’est ainsi qu’ils resteront disponibles pour ceux qui en ont vraiment besoin.