Report des soins suite au Covid-19

La Covid-19 a eu un impact significatif sur notre système de soins de santé. C'est ce qui ressort de la nouvelle étude des Mutualités Libres, basée sur les données de remboursements de prestations de soins de santé et d’utilisation de médicaments des personnes souffrant de pathologie chronique.
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Contexte

Le report ou l’annulation de soins est bien visible pendant l’année impactée par la pandémie, aussi bien pour les personnes souffrant d’une pathologie chronique que celles qui n’en souffrent pas. En effet, la proportion d’affiliés (malades chroniques ou non) qui ont été en contact avec un médecin, qui se sont vus délivrer au moins un médicament remboursé en officine publique ou qui ont été hospitalisés avec ou sans nuitée a diminué de manière non négligeable entre 2019 et 2020.

Part des affiliés des Mutualités Libres ayant eu recours à des prestations de soins ou médicaments remboursés par l’assurance maladie (2019 et 2020) 


tableau maladie chronique et non chronique

Diminution des consultations physiques

Médecin généraliste

En 2020, le nombre de consultations et visites avec un médecin généraliste a fortement diminué aux mois de mars (-17%), d’avril (-51%) et de mai (-36%) par rapport aux mêmes mois de 2019. Au cours des 3 derniers mois de 2020, qui correspondent à la seconde vague de la pandémie, nous constatons de nouveau une baisse (-17%) des contacts physiques avec un médecin généraliste par rapport aux mêmes mois de 2019.

Contacts physiques (consultations et visites) avec un médecin généraliste en 2019 et 2020    
tableau medecin generaliste

Médecin spécialiste

En 2020, le nombre de consultations et visites avec un spécialiste a significativement diminué aux mois de mars (-40%), d’avril (-79%) et de mai (-44%) par rapport aux mêmes mois de 2019. Au dernier trimestre de 2020, nous remarquons une baisse plus limitée (-21%) des contacts physiques avec un médecin spécialiste par rapport au même trimestre de 2019.Contacts physiques (consultations et visites) avec un médecin spécialiste en 2019 et 2020    
tableau medecin specialiste

 

Apport des téléconsultations

Les soins à distance par téléphone ou vidéo avec un prestataire de soins ont permis d’amortir l’impact de la Covid-19 sur les contacts avec un médecin généraliste ou spécialiste. Et donc d'assurer une certaine continuité des soins des malades chroniques dans ces secteurs de soins.

Contacts physiques et à distance avec un médecin généraliste ou spécialiste en 2019 et 2020    
tableau apport des téléconsultations

Entre mars et mai 2020, près de la moitié des contacts physiques reportés ou annulés a été résorbée par les contacts à distance. Alors que la diminution des contacts physiques en médecine générale et spécialisée était de 27% en mars, de 63% en avril et de 39% en mai 2020 par rapport à 2019, elle n’est plus que de 7% en mars, de 27% en avril et de 18% en mai lorsque les contacts à distance ont été mise en place.

Médicaments

Entre mars et mai 2020, les délivrances de médicaments en officine publique faites aux personnes atteintes de pathologie chronique ont augmenté de 10% par rapport à la même période de 2019. Entre juin et décembre 2020, les délivrances sont restées relativement stables (-2%) par rapport à l’année précédente.

A noter qu'entre mars et mai 2020, les délivrances ont diminué de 29% pour les AINS, de 9% pour les antiasthmatiques et de 16% pour les antibiotiques par rapport à la même période de 2019. Entre juin et décembre 2020, les délivrances de ces médicaments ont également baissé par rapport à 2019 (-18% pour les AINS, -15% pour les antiasthmatiques et -19% pour les antibiotiques).

Vaccin > Au cours des trois derniers mois de l’année 2020, le nombre de vaccinations contre la grippe a augmenté de 33% par rapport à la même période de l’année précédente. Il semblerait donc que les personnes à risque aient eu plus largement recours à la vaccination dans le contexte de la Covid-19 afin d’éviter que les conséquences d’une épidémie de grippe s’ajoutent aux conséquences de la pandémie de Covid-19.

Hospitalisations

Les hospitalisations avec et sans nuitée ont enregistré une diminution significative de leur nombre d’admissions pendant la première vague de la pandémie. La baisse du nombre des séjours avec au moins une nuitée a été de 22% en mars, de 49% en avril et de 37% en mai par rapport à l’année précédente. Pour les hospitalisations de jour, elle a été de 15% en mars, de 46% en avril et de 27% en mai par rapport à 2019.

Les services hospitaliers les plus impactés ont été : pédiatrie, neuropsychiatrie, diagnostic et de traitement, diagnostic et de traitement médical. Les services de soins intensifs et de gériatrie ont été les moins impactés par la pandémie, ce qui s’explique probablement par des services particulièrement sollicités par les personnes atteintes de Covid-19 lors des deux vagues.

Urgences

De mars à mai 2020 et de octobre à décembre 2020, le nombre d’entrées aux urgences hospitalières a diminué d’environ 25% par rapport à 2019. Entre les deux vagues de la pandémie (entre juin et septembre 2020), la diminution du recours aux urgences a été de 13% par rapport à 2019. L’impact de la pandémie sur les urgences a donc été plus fort lors des deux vagues de l’épidémie.

La prise en charge des urgences semble ainsi être bouleversée par les mesures indispensables adoptées pour contenir la pandémie de Covid-19.

Recommandations des Mutualités Libres

  • Pour faire face aux besoins des patients en cas de nouvelle pandémie, les Mutualités Libres recommandent que l'ensemble des acteurs de la santé mettent sur pied une planification précise ("plan pandémie") de ces besoins et prévoient des mesures claires.
  • Il faut en effet veiller à ce que les services de santé existants continuent de fonctionner pour éviter des conséquences sanitaires qui pourraient être pires que l'épidémie elle-même. Et, c'est une priorité pour les Mutualités Libres, cela concerne particulièrement les dépistages et le suivi des cancers et des maladies cardiovasculaires.
  • En tant qu'organisme assureur, nous insistons donc également pour multiplier les actions de sensibilisation et de littératie en santé auprès des patients chroniques, en matière de gestion et de connaissance de leur maladie. Afin d'éviter les risques associés à un retard de prise en charge, notamment en cas d'urgence ou de maladie grave.
  • Enfin, les soins à distance par téléphone ou vidéo ont permis d'assurer une bonne continuité de soins dans certains types de consultations. Il faudrait pérenniser les téléconsultations grâce à un cadre légal garantissant la qualité et la sécurité des soins. En effet, un support continu par téléphone, vidéoconférence ou même des visites à domicile devraient être maintenus pour assurer une continuité de soins aussi bien pour les malades chroniques que les personnes non atteintes de pathologie chronique. Ils devraient faire partie de l'arsenal de soins disponibles durant une pandémie.