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Health Data Agency : donner une seconde vie aux données de santé, au bénéfice des patients et des soignants

Imaginez un système de santé où chaque donnée recueillie au quotidien, dans un cabinet médical, un hôpital ou une maison de repos, pourrait servir à améliorer les soins, affiner les politiques de santé ou accélérer la recherche. C’est précisément l’ambition portée par la Health Data Agency (HDA), une agence publique belge créée en 2023 et officiellement lancée début 2024. Sa mission ? Permettre l’usage secondaire des données de santé, c’est-à-dire leur réutilisation, dans un environnement structuré et sécurisé, à des fins de recherche, d’innovation ou de pilotage des politiques de santé. 

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Stéthoscope posé sur un réseau lumineux symbolisant les données numériques de santé, dans une ambiance futuriste avec des teintes violettes et bleues

Une agence indépendante au service d’un système de soins plus intelligent

Officiellement lancée début 2024, la HDA agit comme interface entre les détenteurs de données (hôpitaux, mutualités, bases administratives…) et les utilisateurs de données (chercheurs, institutions, autorités publiques et entreprises). 

Son objectif est clair : rendre les données de santé plus accessibles, mieux structurées et interopérables, pour renforcer la qualité des soins, stimuler l’innovation et répondre plus efficacement aux enjeux sanitaires.

Pourquoi valoriser l’utilisation secondaire des données ? 

Chaque jour, les prestataires de soins produisent une multitude de données : résultats d’examens, traitements administrés, diagnostics posés ou encore prescriptions. Ces données, collectées pour un usage dit primaire (les soins directs aux patients) restent souvent sous-utilisées une fois le patient soigné. Ces données de santé secondaires offrent un potentiel considérable pour : 

  • évaluer l’impact réel des traitements
  • analyser les parcours de soins
  • orienter les politiques de santé sur base d’indicateurs objectifs
  • mieux comprendre certaines pathologies

Maladies rares : un exemple parlant de l’intérêt des données secondaires

Certaines situations illustrent particulièrement bien ce potentiel : les maladies rares. Celles-ci touchent moins d’une personne sur 2.000 et leur diagnostic reste complexe et souvent tardif. 

En Belgique, une maladie rare peut ne concerner qu’une dizaine de personnes. Prenons par exemple l’ataxie de Friedreich, une maladie génétique qui altère progressivement la coordination des mouvements. Si les chercheurs belges doivent se limiter aux données de ces quelques patients, leurs analyses risquent de manquer de robustesse statistique.

En revanche, si ces données sont croisées avec celles de centaines de patients atteints de la même maladie dans d’autres pays européens, la situation change fondamentalement. Les chercheurs disposent alors d’un ensemble de données plus vaste et plus représentatif qui permet :

  • d’identifier plus rapidement des schémas cliniques
  • d’affiner les diagnostics
  • de développer des traitements mieux adaptés
  • de détecter des facteurs de prévention encore méconnus

Un accès structuré, sécurisé et conforme au GDPR 

Pour faciliter l’identification et l’utilisation des données disponibles, la HDA met à disposition un catalogue centralisé regroupant les métadonnées de plus de 400 bases de données belges, classées par thématique (hospitalisations, soins ambulatoires, maladies chroniques, données socio-économiques, etc.) dont les données de l’IMA (Agence Intermutualiste) qui est un acteur important quand on parle de données de santé. 

Ce catalogue permet aux prestataires de soins, chercheurs entreprises ou institutions publiques de :

  • repérer les jeux de données pertinents
  • soumettre une demande d’accès (Data Request) via une procédure standardisée
  • obtenir, le cas échéant, les données de manière sécurisée, dans le respect des réglementations en vigueur.

L’accès aux données n’est jamais libre ni automatique. Chaque demande est analysée en détail par l’agence afin de garantir :

  • la légalité et la légitimité de l’usage
  • la minimisation des données collectées ou traitées
  • la pseudonymisation ou l’anonymisation des données, selon les cas
  • la protection des patients et de leurs droits à chaque étape du processus

L’ensemble du dispositif s’appuie sur les principes FAIR (Findable, Accessible, Interoperable, Reusable). Ces principes visent à rendre les données faciles à trouver, accessibles, compatibles entre elles et réutilisables. L’objectif est d’améliorer la transparence, la qualité et la valeur des données, tout en garantissant un haut niveau de protection des données personnelles.

Et pour les prestataires de soins, concrètement ?

En tant que professionnel de la santé, vous êtes un acteur central dans la production de données. Dans un cadre désormais mieux structuré, ces données peuvent être réutilisées pour des projets concrets, utiles à la pratique et à la recherche :

  • amélioration des pratiques cliniques, par le biais d’études rétrospectives et de retours d’expérience issus de données belges réelles
  • contribution à la recherche, notamment sur des pathologies spécifiques ou des approches innovantes
  • réduction de la charge administrative liée aux demandes d’accès aux données, grâce à un cadre unique et centralisé

L’agence n’agit pas à votre place : elle facilite l’accès, sécurise les démarches et vous permet de tirer le meilleur parti des données que vous contribuez à générer. 

Une vision alignée sur les enjeux européens

La HDA ne travaille pas en vase clos. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large : la mise en place d’un Espace européen des données de santé (European Health Data Space Regulation - EHDS).

Ce futur cadre européen vise à permettre le partage sécurisé et transfrontalier des données de santé à des fins primaires et secondaires (analyse, recherche et innovation). Dans ce contexte, la HDA pilote des projets comme HeDERA (Health Data Enabled for Re-use Across Belgium), qui visent à aligner l’infrastructure technique et juridique belge avec les standards européens, tout en respectant les spécificités nationales. 

À long terme, l’Espace européen des données de santé devrait contribuer à améliorer et harmoniser la qualité des soins dans toute l’Europe. Les régions confrontées à davantage de difficultés pourraient ainsi s’inspirer des pratiques efficaces mises en œuvre ailleurs et adopter des approches ayant déjà fait leurs preuves.

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