Médicaments

4 pistes pour lutter contre la polymédication

Pour prendre en charge la polymédication de manière efficace, il faut faire collaborer les acteurs de la santé, mettre en œuvre des outils partagés et développer de nouveaux services. Alain Chaspierre, porte-parole de l'Association pharmaceutique belge, détaille les actions à envisager en priorité.

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polymédication

1 Développer un outil de collaboration multidisciplinaire informatisé sur la prise de médicaments

Il faut continuer à développer un schéma de médication du patient unique, informatisé et multidisciplinaire. Il s'agit du projet VIDIS, développé à l'INAMI. C'est un outil qui permettra un meilleur suivi de la médication du patient, un renforcement de la collaboration entre acteurs de soins dans un cadre de responsabilités définies. Le pharmacien prestera les soins pharmaceutiques de base, indiquera les médicaments délivrés en regard de l’intention thérapeutique du ou des prescripteurs et y ajoutera aussi les médicaments pris en automédication. Ce système intégré n'existe pas encore, il reste à résoudre des discussions sur le partage des données et les  niveaux d’accès. Il y aurait, par exemple, évidemment un intérêt important à ce que le pharmacien connaisse l’indication thérapeutique, notamment en cas de maladie chronique, ce qui lui permettrait de mieux expliquer la médication au patient. Bien informer le patient permet en effet d'augmenter l'adhésion thérapeutique. L’accès à l’ensemble de ces données doit bien entendu requérir l’autorisation du patient. La notion du consentement est importante et devrait mener à un débat éthique.

Alain Chaspierre

2 Renforcer la fonction de 'pharmacien de référence'

Actuellement, plus de 800.000 patients chroniques ont désigné un pharmacien de référence. Ce rôle devrait évoluer dans le temps vers encore plus de support et d'accompagnement des patients chroniques dans le bon usage des médicaments. Nous souhaitons donner une meilleure visibilité et renforcer la fonction de pharmacien de référence.

3 Mettre en œuvre un système de revue de la médication

Cela existe déjà à l'hôpital mais devrait aussi être développé dans les officines. A côté de la formation universitaire de base, il existe des formations certifiantes pour les pharmaciens sur la revue de médication. Par ailleurs, un projet pilote d’entretiens de "polymédication" a été mené dans une centaine de pharmacies belges et il en est ressorti (via une étude du projet mené par les universités) que ce service offrait une réelle plus-value pour la qualité des soins aux patients. Le constat était aussi que la moitié des médecins étaient favorables, sur cette base, à l'idée de revoir le schéma de médication, dans l'intérêt du patient. Il est aussi prouvé via cette étude que quand la revue de la médication est faite, l'adhésion thérapeutique augmente.  

4 Améliorer les trajets transmuraux

Le rôle du pharmacien de référence est important avant une hospitalisation, idéalement pour faire avec le patient un bilan de sa médication. Mais on pourrait améliorer la sortie de l'hôpital. Une modification de la médication est parfois introduite lors de l'hospitalisation. On se rend compte que souvent, après un certain temps, le patient revient à sa médication d'avant hospitalisation. Il faudrait mettre en place une éducation thérapeutique pour que le patient comprenne bien son nouveau traitement. C'est aussi un facteur de succès pour l'adhésion thérapeutique. Cela nécessite une bonne collaboration entre le médecin et le pharmacien et une bonne communication transmurale.