Polymédication chez les 75 ans et plus

4 personnes de plus de 75 ans sur 10 semblent utiliser au moins 5 médicaments à long terme. C'est ce que révèlent les chiffres des Mutualités Libres. Ces chiffres montrent également que plusieurs médecins et pharmaciens sont impliqués dans la prescription et la délivrance de médicaments à un même patient. Il s’agit parfois de médicaments non recommandés aux personnes âgées.
Thématiques
Personnes agées
Médicaments
Date

Contexte

L'utilisation efficace et optimale des médicaments est l'une des priorités des Mutualités Libres (Mutualités Libres, 2019). L’utilisation de médicaments chez les personnes âgées mérite d’ailleurs une attention particulière. Plus de 6 personnes sur 10 parmi les 60-79 ans souffrent d'au moins une maladie chronique. Chez les 80 ans et plus, cela concerne près de 8 personnes sur 10.

La multimorbidité touche plus de 40 % de la population belge de plus de 75 ans. Cette multimorbidité s'accompagne souvent de l'utilisation simultanée de différents médicaments, appelée aussi polymédication (ou polypharmacie).

La polymédication est définie comme l'utilisation chronique de cinq médicaments différents ou plus au cours de la même année civile, voire de dix médicaments différents ou plus au cours de la même année civile.

En Belgique, la prévalence de la polymédication est de 34 % chez les plus de 65  ans. Les chiffres de l'Enquête de Santé montrent également que la prévalence de la polymédication a augmenté de 27,4 % à 34,2 % entre 2013 et 2018.

Certains facteurs de risque clairs de polymédication ont été identifiés. La prévalence de la polymédication est plus élevée dans les groupes sociaux moins privilégiés (mesure réalisée à l’aide du niveau d'éducation, du niveau de revenus ou de la reconnaissance pour l’intervention majorée) par rapport aux groupes davantage privilégiés : elle s’élève à 48 % dans le groupe social le plus bas, contre 35 % dans le groupe social le plus élevé.

Principaux résultats

infographies prevalence 41%

Prévalence

  • 41,3 % des personnes de 75 ans et plus polymédiquées prennent  cinq médicaments ou plus de façon chronique (polymédication)
  • 4,4 % prennent 10 médicaments ou plus de façon chronique.

Type médicaments

  • 97,5 % des 75 ans et plus polymédiqués prennent des médicaments pour le système cardiovasculaire
  • 76,0 % pour le sang et les organes hématopoïétiques
  • 65,9 % pour le système digestif et le métabolisme
  • 40,7 % pour le système nerveux central.
  • Les médicaments  destinés au système cardiovasculaire représentent près de la moitié du volume total des traitements

Prescripteurs

  • En 2018, il y avait en moyenne 2,5 prescripteurs par personne polymédiquée de 75 ans et plus qui étaient responsables des médicaments chroniques prescrits.
  • 63,8 % a eu recours à un seul médecin généraliste.
  • Chez 1/3 des personnes environ, deux médecins généralistes ou plus se sont chargé de la prescription des médicaments.
  • 1/4 quart des 75 ans et plus polymédiqués ont eu recours à deux pharmaciens pour la délivrance de leurs médicaments
  • Le nombre moyen de médicaments délivrés de façon chronique est plus élevé lorsque le nombre de prestataires ou de prescripteurs est plus important.
infographies prescripteurs
infographies recommandations et outils 48%

Suivi des recommandations et outils en matière d’utilisation de médicaments

  • Près de la moitié (48 %) des 75 ans et plus polymédiqués se voyaient délivrer au moins un médicament répondant aux critères de Beers.
  • Il semble s’agir d'une utilisation chronique chez près d’un sur cinq d’entre eux (21,4 %).

Recommandations principales

  1. Gérer la polymédication chez les personnes âgées en procédant à une évaluation systématique interprofessionnelle de l’utilisation des médicaments.
  2. Elaborer une "directive de la polymédication" (informations pratiques concernant l'évaluation, personnes impliquées, base scientifique pour l'évaluation...).
  3. Impliquer activement le patient (et son entourage) dans les décisions concernant sa médication.
  4. Partager les données entre les différents prestataires de soins (médecins, pharmaciens, hôpitaux) et encourager la collecte de données.  
  5. Encourager la prescription rationnelle et qualitative. 
  6. Développer des outils faciles à utiliser pour supporter l’implémentation de la prescription adéquate chez les personnes âgées.
  7. Inclure un cours sur l'utilisation des médicaments chez les personnes âgées dans la formation de base et continue des pharmaciens et des médecins.