• Environnement

Zones de basses émissions : quel impact sur la qualité de l’air et la santé en Belgique ?

En Belgique, la qualité de l’air reste un sujet préoccupant. Sur un total de 2,3 millions de membres des Mutualités Libres (Partenamut, Helan et Freie Krankenkasse), seul 1,5 % réside dans un quartier dont la concentration en particules fines respecte les recommandations de l’OMS, soit max 5 µg/m³. La pollution atmosphérique, notamment les particules fines (PM2.5), le dioxyde d’azote (NO₂) et l’ozone, continue de produire des effets sur la santé physique et mentale, surtout chez les personnes vulnérables.
 

Image
Embouteillages dans un centre ville moderne

Une récente étude menée par les Mutualités Libres, dont le rapport a été publié dans le magazine Environment International (disponible uniquement en anglais), en collaboration avec la KU Leuven, HEAL (Health and Environment Alliance), VITO, l’Université de Hasselt et IRCEL, a évalué l’impact des LEZ (Low Emission Zones - zones de basses émissions) sur la qualité de l’air dans 3 grandes villes belges : Bruxelles, Anvers et Gand. L’objectif : déterminer si ces zones limitant la circulation des véhicules les plus polluants contribuent réellement à un air plus sain, et in fine, à une meilleure santé publique.

Des résultats significatifs dans les villes pionnières

Le rapport met en lumière des résultats particulièrement probants à Bruxelles et Anvers, où les LEZ ont été mises en place respectivement en 2018 et 2017. Ces deux villes, qui affichaient historiquement des niveaux de pollution plus élevés que la moyenne nationale, ont connu une amélioration marquée de la qualité de l’air depuis l’introduction des LEZ.
À Anvers, le taux moyen annuel de NO₂ a chuté de 34,94 µg/m³ en 2016 à 24,46 µg/m³ en 2022, soit une réduction de 30 %. À Bruxelles, la baisse de NO2 atteint même 37 %, avec des concentrations passant de 29,44 µg/m³ en 2017 à 18,53 µg/m³ en 2022. 

 

Exposition résidentielle annuelle moyenne aux PM2.5 et au NO2 pour les individus vivant au sein des zones à faibles émissions d’Anvers et de Bruxelles : évolution 2016-2022 

Exposition résidentielle annuelle moyenne aux PM2.5 et au NO2 pour les individus vivant au sein des zones à faibles émissions d’Anvers et de Bruxelles : évolution 2016-2022

Par ailleurs, ces diminutions significatives ne se limitent pas au périmètre des LEZ : jusqu’à 5 kilomètres autour des LEZ, une amélioration de la qualité de l’air a aussi été constatée.

À Gand, où la LEZ a été introduite plus récemment, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. 

Une amélioration qui profite aussi aux quartiers défavorisés

L’étude révèle que les bénéfices des LEZ sont particulièrement importants dans les quartiers les moins favorisés sur le plan socio-économique. À Bruxelles, les zones les plus défavorisées présentaient initialement les niveaux de pollution les plus élevés. Cependant, entre 2017 et 2022, ces quartiers ont bénéficié d’une amélioration plus rapide de la qualité de l’air que les zones plus aisées :

  • une baisse de la concentration de 0,76 µg/m³ pour le black carbon (suie) dans les quartiers les plus défavorisés, contre 0,54 µg/m³ dans les quartiers plus aisés
  • une baisse de 11,75 µg/m³ pour le NO₂ dans les quartiers les plus défavorisés, contre 9,60 µg/m³ dans les quartiers plus aisés

 

Exposition résidentielle annuelle moyenne aux BC et NO2 pour les individus vivant au sein de la zone à faibles émissions de Bruxelles : évolution 2016-2022

Exposition résidentielle annuelle moyenne aux BC et NO2 pour les individus vivant au sein de la zone à faibles émissions de Bruxelles : évolution 2016-2022

Des effets visibles sur la santé publique

Outre l’amélioration des indicateurs environnementaux, la recherche souligne un lien entre la mise en place des LEZ et la réduction de la consommation de médicaments pour le diabète dans les villes concernées. Si cette observation demande à être approfondie par des études complémentaires, elle ouvre la voie à une meilleure compréhension des bénéfices des politiques environnementales sur la santé publique.

Les effets de la pollution atmosphérique sur la santé sont effectivement bien documentés : affections respiratoires, maladies cardiovasculaires, AVC, cancers, troubles du développement neurologique, naissances prématurées, sans oublier les liens de plus en plus souvent établis avec le diabète, l’obésité et la démence. 

Une opportunité dans le contexte réglementaire européen

Depuis décembre 2024, l’entrée en vigueur de la directive européenne révisée sur la qualité de l’air (2024/2881) marque un tournant. Elle fixe des seuils plus stricts pour les principaux polluants d’ici 2030 : 10 µg/m³ pour les PM2.5 et 20 µg/m³ pour le NO₂, des valeurs qui se rapprochent des recommandations de l’OMS.

Dans ce cadre, les LEZ apparaissent comme un instrument clé pour aider les villes à atteindre ces nouveaux objectifs. Mais leur mise en œuvre requiert un engagement politique fort, ainsi qu’une implication active des citoyens. Dans ce contexte, les zones de basses émissions s’imposent de plus en plus comme un levier important des politiques publiques de santé environnementale.