Digitalisation

La santé mobile et digitale, un défi en plus !

2020 et la pandémie de Covid-19 ont démontré de manière éclatante que la recherche d'infos et le suivi de la santé se passe aussi sur le web, en digital et en mobile. Il faut donc prendre aussi en compte les compétences en santé "digitale". Quels sont les apports de la digitalisation en santé mais aussi quels sont les difficultés ? Quel est le niveau de la population en matière de e-santé ? 

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la santé mobile

Il est compliqué pour les Belges de juger si les informations de santé présentées en ligne sont fiables (57,1 % l’estiment difficile ou très difficile) ou sous-tendues par des intérêts commerciaux (55,1 % ) et de pouvoir mobiliser les informations afin de résoudre un problème de santé (51,6 %). Voilà un des chiffres récoltés lors de l'enquête européenne récente HLS19 sur la littératie en santé. Cette enquête nous montre d'autres résultats interpellants. Ainsi, en matière d’information digitale sur la santé, les Belges estiment difficile et très difficile:

pour 42,6 % d'entre-eux : de trouver précisément l’information qu’ils recherchent.
pour 36,4 % d'entre-eux : de comprendre les informations trouvées.
pour 32,3 % d'entre-eux : de choisir les bons mots ou les bonnes questions pour trouver les informations qu’ils cherchent.
pour 36,3 % d'entre-eux : de comparer plusieurs sites internet sur un même sujet de santé.
pour 49,7 % d'entre-eux, de savoir si les informations trouvées sont pertinentes dans leur cas.
Pour 42 % d'entre-eux : d'exprimer des opinions, pensées, sentiments ou encore de poser une question écrite sur les réseaux sociaux.


Ces chiffres montrent donc que pour une partie importante de la population du pays, il est difficile d’utiliser des informations digitales ou des outils digitaux pour gérer sa santé. Et ce, alors que les sources d'information digitales sont nombreuses : internet, réseaux sociaux, applications sur smartphones, etc. Avec pour objectif de trouver de l'information sur sa santé, sur la promotion de la santé ou la prévention mais aussi sur la gestion de maladies. De leur côté, les autorités encouragent aussi les citoyens à utiliser les ressources numériques liées à la santé, par exemple, via le portail MaSanté.be, et  d’explorer certaines opportunités, comme les téléconsultations, certaines applications de santé numérique de qualité propres à favoriser le suivi et l’implication des patients, les dossiers de santé électroniques.

Complexité des informations santé en ligne

Il faut donc tenir compte de certains freins. Utiliser la e-santé nécessite en effet non seulement d'avoir un accès aux ressources et technologies mais aussi de pouvoir mobiliser des compétences spécifiques : pouvoir naviguer sur le web, comprendre et appliquer des informations de santé. Les outils devraient donc prendre plus en compte les personnes ayant un faible niveau de littératie numérique ou certains groupes spécifiques, par exemple, les personnes âgées. L'aspect digital entraine le risque de freiner les publics qui pourraient tirer le meilleur parti des nouvelles technologies pour leur santé (ex. les personnes vulnérables). D'autres difficultés sont en jeu :  le choix compliqué entre de nombreuses applications différentes liées à la santé, les inquiétudes liées à la confidentialité, la question du consentement éclairé, de l'utilisation des données ou encore de l'exactitude médicale ou scientifique des applications.

Atouts du digital

Cependant, il est évident que les solutions numériques apportent aussi de nouvelles opportunités en termes de littératie en santé. Elles peuvent permettre de réaliser des outils d'éducation multimédia, tels que des vidéos, des podcasts, des applications, des outils interactifs. Le digital permet aussi de développer ces outils pour différents niveaux de compétence et en plusieurs langues et avec différentes méthodes d'enseignement.  Il est aussi un outil de simplification administrative en faveur du patient, lui permettant un accès à son dossier et un renforcement de son "empowerment".

Les mutualités aussi ont un rôle à jouer dans ce domaine. Elles peuvent par exemple fournir des sources fiables d'informations numériques sur la santé, aider à développer une littératie numérique critique en expliquant par exemple comment identifier ces sources fiables. C'est aussi la responsabilité des mutualités de délivrer et d'expliquer à leurs affiliés des informations de base en matière de littératie digitale : sur les remboursements des moyens digitaux (téléconsultations entre autres), sur le dossier médical électronique, sur l'utilisation des réseaux de santé ou encore sur le consentement éclairé ou le partage des données.  

La Covid-19, un tournant ?

La pandémie de Covid-19 a renforcé les tendances existantes. C'est pourquoi il est crucial de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte afin de ne pas créer de nouvelles inégalités de santé ou de les aggraver. Il faut donc être vigilant et faire en sorte que les solutions de santé numérique soient adaptées au contexte du patient et aux préférences de communication. Pour cela, les intervenants devraient clairement identifier les besoins du citoyen en termes d'information et d'accompagnement, identifier aussi quels sont les freins et facilitateurs potentiels à l'utilisation des ressources numériques. Les concepteurs d'outils devraient aussi être encouragés à travailler en cocréation avec les utilisateurs finaux et le public-cible. Une garantie de remédier aux inégalités et de susciter l'adhésion et la prise en main éclairée. Et éviter d'ajouter un fossé numérique au fossé social.