Focus sur les maisons de repos pendant la pandémie de covid-19

Quid de la situation des maisons de repos de Bruxelles et de Wallonie pendant la pandémie de COVID-19 ? La dernière étude des Mutualités Libres explore plusieurs axes, à commencer par la mortalité. L’étude analyse aussi le profil de dépendance des nouveaux résidents et explore enfin le recours des résidents aux médicaments remboursés par l’assurance-maladie. Il apparaît ainsi que la consommation d’antidépresseurs reste élevée auprès de ce public.
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Quid de la situation des maisons de repos de Bruxelles et de Wallonie pendant la pandémie de COVID-19 ? La dernière étude des Mutualités Libres explore plusieurs axes, à commencer par la mortalité. Le nombre de décès s’avère  particulièrement élevé lors des deux vagues de la pandémie, mais la première a été beaucoup plus mortelle. L’étude analyse aussi le profil de dépendance des nouveaux résidents et explore enfin le recours des résidents aux médicaments remboursés par l’assurance-maladie. Il apparaît ainsi que la consommation d’anti-dépresseurs reste élevée auprès de ce public.

Mortalité en maison de repos

À Bruxelles la surmortalité était plus élevée qu’en Wallonie (39% vs 31% de surmortalité). Autant les résidents dépendants que les résidents non-dépendants en maison de repos ont fait face à des taux de mortalité élevés pendant les deux vagues de la pandémie en 2020 et la surmortalité est presque la même pour ces deux groupes en 2020. Les taux de mortalité des résidents dépendants étaient plus élevés par rapport aux résidents non-dépendants en 2020 (3,6% vs. 0,9%) comme en 2019 (2,6% vs. 0,6%).

Profil des nouveaux résidents

En 2020 le nombre de personnes qui entrent en maison de repos a fortement diminué en comparaison avec 2019 : pendant la période février-décembre 2020, on observe entre 29% (Wallonie) et 33% (Bruxelles) en moins de nouveaux entrants en maison de repos par rapport à la même période en 2019. La diminution s’observe plus chez les personnes non-dépendantes que chez les personnes dépendantes. Le profil des nouveaux résidents a conséquemment alors changé entre 2019 et 2020 : la part des dépendants parmi les nouveaux entrants a augmenté. Vers la fin de 2020 on observe un petit rattrapage pour les entrées des personnes dépendantes en Wallonie mais les nombres restent nettement inférieurs à ceux de 2019.

Le nombre de résidents en maison de repos à Bruxelles et en Wallonie a, quant à lui, significativement diminué entre 2019 et 2020 (-6,5%) alors que leur nombre augmentait d’année en année. Cette baisse s’explique certainement par les entrées en maison de repos qui se sont réduites suite  aux lourds effets de la crise sanitaire au sein des maisons de repos (nombreuses infections au coronavirus et nombreux décès enregistrés en maison de repos suite à la pandémie) qui ont peut-être induit une réticence à rentrer en maisons de repos.

Consommation de médicaments

L’analyse montre que la polymédication est toujours bien ancrée en maison de repos, même si on remarque tout de même une baisse du nombre médian et moyen de médicaments utilisés parmi les résidents en maison de repos. Cette diminution pourrait faire suite à des mesures d’économies sur les médicaments en maisons de repos, prises dans le cadre du budget des Soins de Santé fédéral 2013, visant d’une part à réduire le ‘volume’ prescrit (via sensibilisation sur la polymédication, feedback sur le profil de prescription, etc.) et d’autre part l’introduction d’un nouveau système de tarification à l’unité en 2015.

Il ressort enfin de cette étude que la proportion d’utilisateurs d’antidépresseurs et d’antipsychotiques n’a pas évolué significativement entre 2013 et 2020. La pandémie de COVID-19 n’a pas accentué cette problématique connue depuis bien longtemps. On ne peut donc pas dire que la proportion d’utilisateurs de ces médicaments a augmenté significativement entre 2013/2019 et 2020 et que la pandémie a aggravé ce problème.

Recommandations

Santé mentale & bien-être :

Encourager la prise en charge non médicamenteuse des problèmes de santé mentale en maisons de repos via, par exemple, un accompagnement psychologique structurel des résidents au sein des maisons de repos. Implémenter une philosophie plus participative des résidents dans la gestion du quotidien en maisons de repos • Systématiser les activités favorisant l’autonomie et l’estime de soi au sein des maisons de repos

Polymédication :

Renforcer les efforts de concertation entre les professionnels de la santé et formaliser une évaluation régulière des traitements mis en place qui entourent le résident afin d’évaluer régulièrement le traitement mis en place (efficacité, sécurité, « acceptabilité par le patient »). Le patient et ses proches doivent également être activement impliqués à cet égard.Pour soutenir les professionnels de la santé, une directive de polymédication pourrait être élaborée (informations pratiques sur l’évaluation, les personnes impliquées, la base scientifique pour l’évaluation). Des instances nationales, comme le Centre Belge d'Information Pharmacothérapeutique et Farmaka, ont un rôle de premier plan à jouer ici. Accompagnement des ainés et leurs proches :Renforcer l’accompagnement des ainés et leurs proches dans leurs décisions sur les lieux de vie le plus adéquat en fonction de leurs besoins (information sur les services et aides à domicile, alternatives au maintien à domicile, coûts, etc.)

Accompagnement des ainés et leurs proches :

Renforcer l’accompagnement des ainés et leurs proches dans leurs décisions sur les lieux de vie le plus adéquat en fonction de leurs besoins (information sur les services et aides à domicile, alternatives au maintien à domicile, coûts, etc.)