2021, année de la réinvention dans le secteur de l’incapacité de travail ?

Cela fait près d’un an que la Covid-19 impacte notre société. A l’aune de cette crise, beaucoup disent que notre sécurité sociale est encore perfectible. C’est sans doute vrai… Mais on ne peut nier qu’elle s’est avérée solide et dotée d’une étonnante capacité d’adaptation. Elle s’est avérée solide, puisqu’elle a continué à aider les près de 550.000 personnes en incapacité de travail au jour le jour (dont plus de 450.000 en invalidité, c’est-à-dire de longue durée). Elle a dû pouvoir aussi s'adapter, dès le moment où les contacts entre les patients et leurs médecins traitants, médecins-conseils ou médecins du travail étaient perturbés.

Aux premiers soubresauts de l’épidémie de la Covid-19, nous avons observé une brusque montée du nombre de personnes en incapacité de travail, alors que la deuxième vague a été marquée par une hausse nettement moindre. Entre les deux vagues, le nombre de personnes en incapacité de travail, qui allait croissant depuis plusieurs années, est redescendu à un niveau équivalant celui de l’été 2019.

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personnel sante parle patient

De nombreux défis

Quoi qu’il en soit, les défis structurels autour de l’incapacité de travail et de l’invalidité restent importants : l’augmentation croissante des personnes concernées, au-delà de révéler une crise sociale, entraîne une explosion des dépenses publiques, monopolisant l’attention des politiques et de tous les acteurs impliqués.

Les solutions sont connues. Au-delà du renforcement du rôle du médecin-conseil et des paramédicaux dans leur mission d’accompagnement, comme cela s’est illustré dans les processus de réintégration, il s’agit de renforcer la prévention de l’incapacité, de mettre l'accent sur les capacités restantes de la personne plutôt que sur ses capacités perdues, et enfin, de garantir l’agilité d’un système ouvert à l’individualité des parcours.

Plus généralement, il s’agit de se rappeler que les différentes branches de la sécurité sociale interagissent entre elles : on sait par exemple que la croissance de l’invalidité peut être expliquée par le durcissement de l’accès au chômage et à la prépension. Repenser l’incapacité de travail doit donc se faire dans une perspective systémique, impliquant la sécurité sociale dans sa globalité, et, au-delà, les employeurs, les syndicats, les services d’aide à l’emploi, et tous les acteurs pouvant avoir un impact direct sur la réintégration des personnes en incapacité. Nous espérons tous pouvoir, bientôt, laisser derrière nous la crise liée au coronavirus. Il faudra néanmoins continuer à en panser les plaies ; s’atteler résolument à la réduction de l’impact d’autres crises, présentes et à venir ; tirer les leçons nécessaires pour perfectionner et pérenniser notre sécurité sociale, à l’instar de notre système d’incapacité de travail et d’invalidité. Cela restera un axe de travail essentiel pour les Mutualités Libres.

Xavier Brenez

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