Etude AIM - Coronavirus : certaines affections chroniques passent sous les radars

Pendant le premier confinement, entré en vigueur en Belgique le mercredi 18 mars 2020, la plupart des soins non urgents et routiniers ont été suspendus. Cette mesure s’est répercutée sur la consommation de médicaments. Il ressort d’une étude de l’Agence Intermutualiste (AIM) qu’en 2020, moins de patients que l’année précédente ont commencé à prendre des médicaments pour le traitement de certaines affections, telles que l’hypertension ou le diabète. Cela signifie que certaines de ces affections, habituellement détectées lors d’examens de routine, n’ont ni été détectées ni fait l’objet d’une prise en charge médicamenteuse.
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Dans son étude, l’AIM a choisi de se pencher sur la consommation de quatre groupes de médicaments bien définis, à savoir les médicaments visant à traiter l’hypertension, le diabète, les affections respiratoires et les troubles de l’attention. Les chercheurs ont analysé dans quelle mesure la crise du coronavirus a conduit les patients à entamer un traitement médicamenteux ou à l’arrêter, et ont examiné si elle a eu un effet sur l’observance thérapeutique.

La diminution, par rapport à 2019, du nombre de personnes ayant commencé à consommer des médicaments issus de l’ensemble des groupes étudiés constitue le résultat le plus important de cette étude. Cette forte diminution est principalement due à l’annonce de confinement par le gouvernement à la mi-mars. Une fois les mesures assouplies en mai 2020, ce chiffre a recommencé à augmenter pour atteindre le niveau de l’année précédente, mais il n’y a pas eu de mouvement de rattrapage. Par conséquent, un certain nombre d’affections chroniques n’a pu être détecté.

Du côté des bonnes nouvelles, les chercheurs ont constaté que le taux d’observance thérapeutique de 2020 était resté sensiblement le même qu’en 2019. La grande majorité des consommateurs réguliers a continué à se rendre en pharmacie comme auparavant.

Résultats par groupe de médicaments

L’hypertension est une affection dont on se plaint généralement peu. Elle n’est habituellement détectée que lors d’examens de routine chez le médecin. Entre 2019 et 2020, le nombre de personnes ayant commencé à prendre des antihypertenseurs est passé de 300 384 à 282 448, ce qui représente une diminution de 6 %. Cette tendance a commencé à se manifester lors de l’entrée en vigueur du confinement. Une fois les mesures assouplies, ce chiffre a augmenté à nouveau jusqu’à atteindre le même niveau qu’en 2019 ; cependant, aucun mouvement de rattrapage n’a été constaté.

Le diabète, tout comme l’hypertension, est une affection chronique courante dont les patients se plaignent peu dans les premiers temps. Bien souvent, il est détecté par hasard lors d’une prise de sang effectuée en raison d’un autre problème. Les mesures de lutte contre le coronavirus ont également eu une influence certaine sur les antidiabétiques : le nombre de patients ayant commencé à en consommer a baissé de 96 935 en 2019 à 89 791 en 2020 soit une chute de 7,4 %. La diminution observée durant le premier confinement n’a pas été rattrapée par la suite. 

Les affections respiratoires se distinguent du diabète et de l’hypertension, car elles peuvent être chroniques comme aiguës. Les mesures de lutte contre le coronavirus ont donc eu des répercussions multiples. Non seulement les soins non urgents ont été suspendus, mais la limitation des contacts a également permis de réduire la circulation des virus respiratoires, faisant baisser de 22,5 % le nombre de nouveaux consommateurs de médicaments visant à les traiter.

Les médicaments contre le TDAH ne font que bloquer les symptômes de l’affection et, dans les situations où un comportement plus calme ou une bonne concentration importent moins, sont peu utilisés. La consommation a commencé à diminuer pendant la semaine de la fermeture des écoles et s’est maintenue jusqu’au début de l’année scolaire suivante.

Cette étude corrobore d’autres recherches scientifiques en cours sur le sujet. Bien que les résultats aillent clairement dans un même sens, les causes sous-jacentes restent encore floues. Il est donc essentiel de mener des études plus approfondies afin d’étayer les hypothèses sur les causes et conséquences.

Pour toute demande d’informations ou d’interview avec les chercheurs : Bruno Deblander - 0475 80 21 28