Au domicile

Les élans de solidarité et d’entraide qui sont nés pendant la crise sanitaire sont à soutenir et à organiser car ils sont complémentaires aux réseaux formels d’aide et de soins. En effet, il faut développer une approche locale via un réseau d’aide et de soins formel mais aussi un réseau de soutien informel autour des personnes vieillissantes à domicile dont le sentiment de solitude s'est accru pendant la crise.

Pour assurer une prise en charge transversale du bénéficiaire, il faut renforcer les outils digitaux comme le télé-monitoring, le partage électronique de dossier médical ou le plan d’accompagnement. Les plateformes d’échange et de partage locales nées de la crise doivent également être soutenues.

Plus globalement, il faut favoriser les activités participatives et formatives des personnes âgées dans la cité ainsi que leur inclusion au niveau des technologies : accès à l’internet, aux contacts interpersonnels par vidéo, à la gestion de leurs comptes en ligne,…

Les formules de répit sont encore plus nécessaires qu’auparavant pour les aidants proches fort sollicités pendant la crise.

Dans les institutions : penser la maison de repos de demain

Il est nécessaire de revoir le modèle organisationnel de la maison de repos pour aller vers un système plus participatif et humain pour le résident, comme par exemple le modèle Tubbe. La maison de repos doit être repensée vers une offre plus large : habitat partagé, résidence services accessibles, maintien à domicile renforcé,… Ces lieux devraient correspondre au projet de vie de la personne âgée. Un seul type de structure ne peut rencontrer les besoins hétérogènes des personnes âgées.

Plus globalement, nous devons réfléchir à une meilleure politique de fin de vie. Il faut développer des stratégies pour rompre l’isolement au sein de la maison de repos (animations, initiation à la communication digitale pour garder du lien avec ses proches ). Le bien-être mental du résident et du personnel doit être au centre des attentions, pour cela, des collaborations avec des psychologues externes du réseau de santé mentale seraient très utiles. La bienveillance doit rester au cœur de la relation avec la personne âgée : l’isolement total, l’absence de proches, mourir seul a été imposé au nom des circonstances sanitaires, en ne tenant pas compte du souhait de la personne et de ses proches. La qualité de vie des proches et de la personne sont essentielles à prendre en compte pour l’accompagnement.

La maison de repos est un lieu de vie et pas un lieu de soins. Elle doit cependant renforcer le lien avec l’hôpital (service gériatrique) en faisant de la convention administrative qui existe actuellement une vraie collaboration entre les 2 institutions pour faciliter le passage de l’une vers l’autre. Par ailleurs, la fonction de médecin coordinateur devrait être renforcée au sein des maisons de repos.

Il faut aussi reconnaître et financer un modèle de structure intermédiaire entre l’hôpital et la maison de repos/domicile, qui pourrait être centré sur la revalidation.

En ce qui concerne les équipes soignantes, il est plus que temps d’assouplir davantage les normes pour augmenter le personnel aide-soignant dans le cadre de la pénurie sévère d’infirmiers sur le marché. Il faut aussi rester proactif en cas de pandémie, par exemple recourir à des équipes volantes de crise (type MSF) pour pallier au manque de personnel. Enfin, une formation obligatoire en "hygiène" semble essentielle pour tous les intervenants en maisons de repos dans le cursus de la formation continuée.