Pouvez-vous donner 2 ou 3 exemples d’applications ?
On peut citer :
- MoveUp qui aide à la rééducation après la pose d’une prothèse du genou ou de hanche
- Fibricheck qui permet d'enregistrer les troubles du rythme cardiaque (arythmies) et les symptômes associés
- Skinvision qui permet de vérifier les taches cutanées suspectes. Cette application est par ailleurs proposée gratuitement par Helan à tous ses affiliés
- Intelliprove qui vous donne un aperçu de votre santé sur base d'un scan du visage via la caméra de votre ordinateur ou smartphone. Un outil en ligne proposé par Helan via son siteweb (disponible uniquement en néerlandais)
Ces applications sont-elles contrôlées ?
Nous sommes dans un processus médical : un contrôle ou une validation est donc nécessaire.
Il existe, au niveau européen, un certain nombre de réglementations auxquelles les applications mHealth doivent se conformer. La majorité de ces applications, considérées comme des dispositifs médicaux, doivent par exemple obtenir le marquage CE avant d’être commercialisées. Ce certificat garantit que l'application est conforme aux exigences de l'UE en matière de sécurité, santé et protection de l'environnement.
Si les applications utilisent ou traitent des données personnelles, ce qui est le cas de la quasi-totalité d'entre elles, elles doivent aussi respecter le règlement RGPD, qui garantit la protection des données personnelles.
Enfin, un sorte de label mHealth est actuellement en cours d'élaboration au niveau européen dans le cadre du projet Label2Enable, similaire aux étiquettes énergétiques pour les appareils électroménagers. Le but ? Permettre aux utilisateurs d'évaluer plus facilement la qualité des applications et faciliter leurs choix. En effet, il existe 100.000 applications sur le marché et il reste très difficile d’estimer leur fiabilité et leur qualité.
Comment se passe le processus de validation d’une app ?
Depuis fin 2023, il existe en Belgique une nouvelle procédure pour intégrer les applications mHealth dans un parcours de soins pour le patient mais aussi pour s'assurer qu'elles peuvent être remboursées par l’assurance obligatoire.
Un fabricant, mais aussi, par exemple, une organisation professionnelle ou un hôpital, peut soumettre un dossier qui démontre clairement la valeur ajoutée de son application. Ce dossier doit comprendre une analyse scientifique et économique. Un groupe de travail permanent, qui se réunit mensuellement, est ensuite complété par des spécialistes spécifiques du domaine de l'application mHealth afin de décider du remboursement de l'application et, en outre, d'élaborer l'intégration dans le parcours de soins.
Pour être éligible, l'application mHealth doit :
- être conforme aux normes européennes
- pouvoir fonctionner avec d'autres applications informatiques
- répondre à des exigences strictes en matière de sécurité
En plus de cela, un processus parallèle est actuellement en cours afin d'élaborer un parcours de soins pour la télésurveillance des patients ayant une insuffisance cardiaque.
Combien d’applications sont aujourd’hui remboursées en Belgique ?
En Belgique, aucune application mHealth n'est actuellement remboursée par l’assurance obligatoire. Toutefois, certaines applications ont été temporairement remboursées dans le cadre de projets pilote, comme Fibricheck par exemple.
Malgré l’instauration de cette nouvelle procédure pour la validation des applications mHealth, la Belgique reste à la traîne par rapport à d'autres pays européens. En Allemagne, par exemple, plus de 40 applications mHealth sont déjà remboursées par le gouvernement.
Quoi qu'il en soit, les changements mis en œuvre ont été fortement inspirés par les recommandations du Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) et nous sommes convaincus que la procédure ne peut que mieux se dérouler que par le passé. Une réévaluation de la procédure sera, par ailleurs, demandée en 2025 afin d'y apporter d'éventuelles améliorations.
Pourquoi les mutualités sont-elles impliquées dans le processus ?
La numérisation des soins de santé est en plein essor. La pandémie de COVID-19 a accéléré la numérisation dans notre pays et l'intégration efficace de développements numériques dans notre système de soins de santé et d'assurance maladie est aujourd'hui un défi majeur.
En tant que cogestionnaire de notre système de soins de santé et représentant les intérêts de nos affiliés, nous contribuons à faire en sorte que nos membres, et tous les Belges, aient accès à des soins de santé abordables et de qualité. Pour ce faire, les innovations numériques comme mHealth sont essentielles. Le Conseil Supérieur de la Santé a récemment publié un avis dans lequel il affirme, par exemple, que la numérisation et l'utilisation d'applications peuvent contribuer à résoudre les longs délais d'attente dans les soins de santé mentale. Nos mutualités, Partenamut, Helan et la Freie Krankenkasse, soutiennent aussi cette innovation en offrant un remboursement dans le cadre de l'assurance complémentaire ou en proposant des applications gratuites.
Les applications de santé qui se concentrent davantage sur la prévention et la promotion de la santé peuvent aussi aider nos membres à prendre leur santé en main. Il est, par conséquent, très important que chacun ait les compétences suffisantes en matière de santé numérique pour utiliser ces applications efficacement. Après tout, nous savons que seuls 54 % des Belges ont actuellement au minimum des compétences numériques de base. En tant que mutualités, nous avons donc un rôle important à jouer dans le renforcement des compétences de nos affiliés en matière de santé numérique.
Utilisez-vous une application santé ?
Je suis un fan de sport et j’utilise une montre connectée pour suivre mon rythme cardiaque et la distance parcourue à pied ou à vélo. J'utilise moins les autres fonctions, comme le suivi de mon sommeil. Ma montre est connectée à Strava et Garmin Connect. Bien entendu, il s'agit plutôt de soins de santé préventifs et ces applications ne peuvent donc pas être remboursées par l'assurance obligatoire.
