01/08/2013
La dépression chez les adolescents est un problème fréquent et largement sous-diagnostiqué. Elle constitue un facteur de risque majeur pour le suicide et les abus de substances (alcool, drogues…) et a un impact important sur la scolarité et les relations sociales.
 
Les symptômes varient en fonction de l’âge : vers 12 ans ils s’expriment surtout par une somatisation, vers 14-15 ans par de l’irritabilité et de l’agressivité et vers 17-18 ans par de la tristesse et des idées suicidaires. Ces différences par rapport au tableau clinique classique de la dépression chez l’adulte peuvent expliquer le sous-diagnostic important.
 
Résultats de l’étude
La population étudiée par les Mutualités Libres est composée d’adolescents de 12 à 18 ans ayantconsommé au moins un antidépresseur en 2011 (classe ATC NO6A). Soit au total, un échantillon de 2.391 adolescents, représentant 1,6 % de l’ensemble des affiliés de cette tranche d’âge. Les données de facturation des mutualités ne permettant pas de déterminer l’indication spécifique (diagnostic) d’un traitement, nous avons supposé que ces médicaments antidépresseurs étaient prescrits pour la dépression.
 
Conclusions
La prise en charge de la dépression chez les adolescents repose sur la psychothérapie, seule dans les formes légères à modérées, en association avec un antidépresseur dans les cas plus sévères.L’étude réalisée sur les données des affiliés adolescents des Mutualités Libres a montré une réalité qui s’écarte des recommandations de bonne pratique :
 
  • Seule une minorité (11%) des adolescents qui prennent un antidépresseur suit parallèlement un traitement de psychothérapie*. Même si les données disponibles sous-estiment le nombre de jeunes bénéficiant d’une psychothérapie*, le recours à cette modalité essentielle du traitement de la dépression reste nettement insuffisant. L’absence de (re)connaissance et de remboursement de la psychothérapie* en est certainement une explication. Une connaissance insuffisante de l’intervention de l’assurance complémentaire peut aussi y contribuer.
  • Trop d’antidépresseurs sont consommés pendant une durée insuffisante (31% < 1mois, 59% < 3 mois) et doivent donc être considérés comme un traitement inapproprié.
  • 60% des consommations d’antidépresseurs de moins d’un mois sont initiées par un médecin généraliste. Sachant que le diagnostic de la dépression chez l’adolescent est difficile, la pertinence de la prescription d’un antidépresseur chez certains adolescents peut être mise en question.

Une des limites de l’étude réside dans le fait que nous ne disposons pas du diagnostic justifiant la prescription de l’antidépresseur (classe ATC NO6A). Cela ne modifie toutefois pas la portée de nos conclusions, qui peuvent s’appliquer aux différentes pathologies traitées par les médicaments de cette classe. Sur base de cette étude, nous pouvons conclure que la prescription des antidépresseurs aux adolescents pose problème et que la prise en charge des troubles dépressifs dans cette population est loin d’être optimale.